Test : Bird Game + sur Nintendo Switch

BIRD GAME +

 

Genre : Aventure, Simulation, Arcade
Sous-titres : Allemand, Anglais, Espagnol, Français, Japonais, Russe
Développé par Bryan Tabor
Édité par Ratalaika Games
Sortie France : 03/05/2019
Prix : 4,99€€ sur l’eShop
Taille : 401,60 Mo
Joueurs : 1
Age minimum : 3

Site Web Officiel

Voler. Un des plus vieux rêves de l’homme depuis qu’il a décidé de se dresser sur ses deux pattes, découvrir le feu, surexploiter les ressources naturelles de la planète et créer quelques désastres monumentaux comme la guerre, l’esclavage, la bombe atomique ou encore les films de Kev Adams. La vie c’est pas rose, la vie c’est morose et lors de ces moments qui mettent notre croyance en l’espèce humaine au pilori, quoi de mieux que de se relaxer en prenant un bon bol d’air ? Et pour mieux en profiter voler c’est justement l’idéal ! Alors vous voilà changé.e en oiseau ! Youpi ! Manque de bol c’est l’hiver. Alors pour échapper au froid, vous foncez vers le Sud dans une contrée qui se crée d’elle même.

Bienvenue dans la nature. Ne souriez pas béatement, vous allez très vite déchanter…

Hélas la migration c’est comme les trajets de vacances : on peut pas faire dix mètres sans qu’il y ait un problème. Sauf que notre fier volatile a un ennui un peu plus délicat à négocier qu’un pneu crevé ou le mal des transports : la nature s’est levée de la mauvaise racine ce matin et a décidé de lui mener la vie dure. En effet la faune, la flore et même le climat se sont alliés contre vous et il vous faudra user de votre dextérité pour parvenir à en sortir sans y perdre trop de plumes ! Comme quoi prendre le train ça a ses avantages. Voilà pour l’histoire ! N’attendez pas cependant de trouver cinématiques, PNJ, narration et autres séquences de dialogues, ce pitch n’est juste ici que pour planter un contexte que l’on oubliera plutôt rapidement.

Votre progression se fait selon le principe du « rail game » : notre oiseau avance tout seul comme un grand et vos seules possibilités d’action sont d’influer sur sa vitesse et son orientation ainsi que d’interagir avec quelques éléments. Très vite le jeu vous indique les marches à suivre : vous pouvez switcher entre le déplacement au stick analogique ou via la détection de mouvement. Auquel cas il vous faudra bouger le joycon pour l’orienter. Une pression sur Z ou L lui permettent aussi de de déporter rapidement sur les côtés en faisant un mouvement en tonneau qu’un certain Fox McCloud n’aurait pas renié. Garder Y enfoncé vous permettra de gagner de la vitesse lors des changements de direction. Quant à A il sera utilisé pour interagir avec certains objets comme des cordes pour ouvrir des portes ou attraper des poissons. Vous l’aurez compris, négocier avec la nature se fera principalement d’une seule manière : l’esquive et aussi parfois la ruse!

Les dangers sont omniprésents et seuls de bons réflexes et une bonne maîtrise de l’oiseau vous permettront d’en sortir indemne.

Parce que bon, on aura beau dire que ça vit d’air pur et d’eau fraîche un oiseau, c’est quand même moins jovial quand les deux tentent d’attenter à votre vie car en effet chaque élément tentera de vous mettre à terre : les plantes jouent les hélices pour vous faucher en plein vol, les troncs d’arbre vous roulent dessus pour vous écraser, les insectes vous harcèlent, le vent tentera parfois de vous précipiter vers des tiges de la taille d’un arbre et comme vous nagez au dessus d’une étendue aquatique, la moindre immersion sera fatale ! Il y a même des lances et des bombes pour ajouter un peu de piquant ! Et on tente de vous vendre les bienfaits du retour à la terre tiens ! 

Si y’a gros bobo, pas de panique ! Des petites… heu… miettes/taches/morceaux de tissu/flocons noirs (entourer mention utile en fonction de ce que vous verrez) seront disséminés.es le long du chemin pour remonter une discrète barre de vie située tout en bas de l’écran. Occasionnellement vous pourrez aussi attraper quelques poissons qui auront un effet régénérateur plus important encore sur votre santé et apparemment sur votre vitesse bien que je n’ai absolument rien constaté à ce niveau… Des cercles disséminés en cours de jeu vous permettront de faire une pointe de vitesse afin d’échapper le plus souvent à des obstacles. Enfin des check points vous permettront d’éviter de tout vous retaper depuis le début. Pensez aux feux de camp de Dark Souls. Vous aurez tôt fait de faire le rapprochement émotionnel entre eux.

Les anneaux vous feront bénéficier d’un boost de vitesse. Grâce à un procédé issu de l’agriculture biologique, ils sont garantis 100% sans Sauron.

Car voilà, le jeu a un souci et pas des moindres : notre pauvre oiseau se retrouvera la plupart du temps le bec dans un roseau, un insecte ou un tronc d’arbre. La faute en premier lieu à une maniabilité pas toujours intuitive. Essayez par exemple de diriger l’oiseau en mode détection de mouvement pour connaître la joie des calvities précoces. Et si vous avez le malheur de vous gourer de gâchette et de changer de mode de gestion du mouvement en pleine négociation d’obstacle vous n’allez certainement pas rire quand il deviendra totalement rigide ou se mettra à virevolter comme un moustique alcoolisé.

L’aide que le jeu fournit reste la plupart du temps très nébuleuse. On vous dit très rapidement « gardez Y enfoncé ». Rien de plus. Pourquoi ? Quel effet ? Il va falloir deviner ! Il m’aura fallu du temps pour « comprendre » le concept de la touche. Oui comprendre entre guillemets car je ne suis toujours pas très sûr. Dans les faits, cela imprime un effet de vitesse progressive ainsi qu’une meilleure gestion des virages mais l’effet est tellement subtil qu’il est difficile d’être certain.e ! Car à part laisser des traînées derrière soi la sensation de changement paraît inexistante. On oscille du coup parfois entre expérimentation et tentative de maîtriser les mouvements de l’oiseau ce qui est quand même embêtant en particulier lors de certains passages délicats.

Allô la base ? Ici « Black Loutre ». Je pense que des intempéries sur mon carnet de santé sont à prévoir. Prévenez ma femme et mes gosses ! Over !

 

Parlons-en tiens d’ailleurs : le jeu a tendance à se montrer quelque peu sadique car parfois il ne vous dévoile un danger qu’au moment où vous allez vous le taper sans espoir d’y échapper. Exemple : j’entre dans un tronc d’arbre et quelques secondes après l’autre côté s’avère barré par un mur ! PAF ! Une flèche m’indique que j’aurais en fait du en fait voler sur le côté du tronc. Mais trop tard, je suis dedans et mon piaf étant visiblement très dépressif car il refuse de faire demi-tour je finis en purée (insérez musique de la pub sur la purée mousseline de rien ça me fait plaisir). Remarquez qu’au début j’ai quand même essayé de m’incliner en direction de la flèche en me disant qu’un passage allait se dévoiler. Non. Plaf. Rebelote plus tard sauf qu’aucun moyen de se dégager ne m’apparaît clairement. Devinez comment j’en suis sorti ? Je vous le donne en mille : j’ai glitché en faisant passer Joe le piaf à travers le mur ! Ce qui m’a au passage permis de découvrir un secret ! Plutôt déconcertant. J’imagine qu’un moyen conventionnel de passer existe mais n’ayant pas refait le jeu entretemps je ne suis pas en mesure de le dévoiler.

Autre souci du jeu : sa caméra est parfois trompeuse car celle-ci semble tout faire pour nous garder sur les rails d’un trajet prédéfini. Il faut parfois faire dans le forcing pour éviter un obstacle. C’est d’autant plus paradoxal que le jeu comporte quelques chemins de traverse et certains secrets et lorsque l’on veut sortir des sentiers battus et que la caméra « nous résiste », difficile de se dire que quelque chose nous attend par là bas. Du coup on découvre parfois les secrets totalement par hasard plus que via une exploration spontanée des niveaux.

Gauche ou droite ? A vous de décider… mais faites-le VITE et BIEN !

Certains passages changent également ce qui est censé être un jeu relativement cool en simulateur de die and retry. Exemple que vous pourrez rencontrer : un tronc d’arbre roule vers vous depuis la droite tandis que le vent tente de vous précipiter vers lui le tout dans une forêt végétale ou les espaces entre les tiges sont minuscules. Ah et il vous faudra sortir de la en trouvant un compromis entre esquive et progression avant que l’arbre ne vous écrase contre un autre tronc. Ça pourrait être digne de Fort Boyard si ça n’était pas autant source de frustration. On ne comptera plus également le nombre de fois où coincé dans un obstacle on ne pourra attendre que la mort de notre infortuné volatile ou que l’on en sortira non sans avoir pris pas mal de dégâts.

Quand vous aurez enfin réussi à traverser cette jungle sauvage vous vous retrouverez face à un boss. Point de fight basique ici, tout reposera sur l’observation : il vous faudra analyser son schéma d’attaque et trouver la faille à exploiter pour vous en débarrasser. À ce niveau le jeu s’avère tout à fait original et les combats sont heureusement bien équilibrés sur le plan de la difficulté. Rien d’insurmontable et une fois le point faible découvert, le combat est généralement expéditif à part le dénier boss qui s’avère plus corsé.

Les boss ont tous leur point faible. Faites appel à votre esprit d’analyse pour découvrir lequel!

La première chose qui frappera l’oeil évidemment c’est le style extrêmement épuré du jeu : on est dans du noir et blanc avec quelques traces de nuances de gris. Un style minimaliste (parfois peut-être trop d’ailleurs) aux faux airs de calligraphie à l’image des intentions du jeu qui est avant tout de donner un sentiment de dépaysement et de relaxation. On touche ici même parfois à une certaine élégance. Reste que notre oiseau a beau ne pas être un canard, il n’évoluera pas dans ce charmant paysage pas sans rencontrer quelques couacs : l’animation de ce dernier manque relativement de grâce et cela se voit normalement lors des changements de direction où il trahit une certaine rigidité. De plus l’amoncellement d’objets du décor peut parfois se changer en un fouillis visuel assez perturbant.

Le style minimaliste de Bird Game + aura ses amateurs et ses détracteurs.

 

On signalera aussi par ailleurs les gros freezes qui interviennent au moment des sauvegardes lors des transitions niveau/boss et durent plusieurs secondes (j’ai bien cru à un moment que la console avait planté…) ainsi que les chutes de frame rate occasionnelles. Qui plus est la présence d’un clipping particulièrement violent peut faire quand même mal à l’oeil, voire provoquer des soucis de gameplay. Les chevauchement de textures lorsque deux objets se percutent peuvent également aveugler le joueur qui incapable du coup d’orienter son vol se retrouve à percuter un obstacle ou finir à la flotte. Je ne parlerai pas non plus des glitches, je l’ai souligné plus haut. J’ai même eu droit à un crash du jeu pendant le générique !

On notera aussi deux options dans le jeu qui permettent d’ajouter un mode « noir » (en gros le noir et le blanc sont inversés) et aussi des effets d’eau « de luxe », le luxe en question consistant à rajouter des effets de vaguelettes. Rien de transcendant mais c’est un petit détail qui peut faire la différence notamment en terme de visibilité. Tiens vu qu’on parle de ça, on pointera du doigt un autre gros couac  : le texte d’aide pour le bouton A est en partie illisible… car il dépasse de la limite de l’écran (un défaut qu’on retrouvera également dans le générique de fin…). C’est quand même assez fort de constater ce genre d’erreur de nos jours. J’ai vérifié les options à la recherche d’un réglage d’échelle de l’ATH ou autre, rien. Au moins on pourra jouer au jeu des devinettes !

Alors pour 1 000€, kess que koi qu’il dit? A) Docteur Rotule B) Collecntenir C) Gné? D) Obiwan Kenobi

Heureusement le son rattrape un peu le tout avec des musiques particulièrement relaxantes en cours de niveau. Agréables sans être inoubliables, elles contribuent à apporter un aspect onirique et relaxant au jeu. La musique des boss se distingue en revanche par un style plus « martial » et dynamique qui tranche avec les délicates compositions qui nous accompagnent en temps normal. Le son a bénéficié aussi d’un certain travail : craquement, frémissements, clapotis de l’eau ou souffle du vent contribuent à nous immerger pleinement dans ce petit coin de nature aussi agréable que mortel. A ce niveau Bird Game + s’en sort là aussi avec un certain raffinement.

Sur le plan de la durée de vie et du contenu, Bird Game + se découpe en deux sections de jeu. D’un côté la « campagne » qui se divise en trois niveaux. Enfin six car le jeu compte également les boss comme des niveaux. D’ailleurs vous pourrez sélectionner ces derniers après les avoir terminés. Vous aurez le choix entre deux modes de difficulté : facile et normal. Si vous êtes doué.e il se peut qu’une petite heure vous suffise (et encore en tablant large) pour boucler le jeu entièrement. Il vous en faudra un peu plus en revanche si vous peinez en cours de jeu.

Il ne vous faudra guère de temps pour terminer la campagne. Le mode libre sera plus adapté à vos exigences en matière de durée de vie.

 

Le mode libre quant à lui vous replonge dans l’aventure mais de façon indéfinie. L’objectif est clair ici : tenir le plus longtemps possible. Purement pensé pour le scoring, ce mode fait appel pour le coup à un effet de génération procédurale si bien que chaque nouvel essai sera différent du précédent. Ceux qui en redemanderont trouveront un très bon moyen de prolonger l’expérience et de se replonger dans l’atmosphère charmante du jeu. Reste que seul ce mode justifiera une « rejouabilité » qui en dehors de cela se limite à battre son record dans un classement ou à réaliser quelques défis que seuls ceux et celles que l’aventure n’aura pas rebutés.es tenteront.

Bird Game + aurait totalement les moyens de tenir le trophée de petite perle car l’esthétique épurée du jeu et le travail sonore lui confèrent un charme réel et d’une envoûtante simplicité. Hélas trop de soucis parasitent quelque peu l’expérience : gameplay incertain, aide de jeu nébuleuse, pics de difficulté frustrants et problèmes techniques font trop souvent caler le moteur d’une voiture qui avait pourtant une bien charmante carrosserie. L’aventure reste plaisante  mais pas inoubliable. Pour autant le prix à lui seul justifiera de se laisser tenter par l’expérience, les goûts étant comme les oiseaux à savoir dans la nature et, qui sait, peut-être saurez-vous lui pardonner ces quelques écueils pour mieux vous laisser transporter dans son univers poétique.

Test réalisé par Retrowave Geek sur une version offerte par l’éditeur
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