Test : Devil May Cry sur Nintendo Switch

DEVIL MAY CRY

Genre : Beat’em’all
Langues : Anglais Sous-titres : Français
Développé & Édité par Capcom
Sortie France : 25/06/2019
Prix : 19,99€ sur l’eShop
Taille : 9904,85Mo
Joueurs : 1
Age minimum : 16

Site Web Officiel

Si je vous dis Dante, que répondez-vous? Fatalement vous me parlerez de la Divine Comédie dans lequel l’auteur éponyme, guidé par le spectre du poète latin Virgile explore les Enfers, le Purgatoire et le Paradis en quête de sa bien-aimée Béatrice et se livre au passage à quelques réflexions philosophiques, sociales, politique et… non je ne parle pas du jeu sur PS3… Hein? Vous avez dit quoi? Est-ce que y’a Alain Chabat qui fait Dieu?… Bref dans notre cas, Dante, cheveux blancs, trench-coat rouge et style inimitable, tient une agence de détective privé nommée Devil May Cry. Sa spécialité? Chasser les démons. Ah j’ai votre attention… NON, IL N’EST PAS INCARNÉ PAR KAD MERAD! Bref, Dante a une petite particularité : il est le fils de Sparda, un démon de l’Enfer qui se révolta contre Mundus, seigneur du monde infernal il y a 2 000 ans de cela… Après avoir scellé ce dernier, Sparda devint seigneur de l’humanité et tomba amoureux d’une femme. De leur union naquirent deux jumeaux : Dante et Vergil, tous deux hybrides d’humain et de démon.

Mais la vie de Dante n’est pas sans drame : un jour funeste, sa mère et son frère sont assassinés par des démons. Pour lui, ne reste plus que la vengeance et depuis ce jour il traque et tue ces derniers sans relâche dans l’espoir de châtier les meurtriers de sa famille. Il se pourrait cependant que cette occasion finisse enfin par arriver grâce à Trish, une femme à la beauté inouïe et à la force surhumaine. Celle-ci débarque avec fracas dans son bureau et lui annonce que Mundus planifie son retour dans le monde des humains depuis la mystérieuse Île de Mallet. Pour Dante c’est l’occasion non seulement de pouvoir exercer sa vengeance et accessoirement de sauver l’humanité d’un péril apocalyptique.

Devil May Cry est une saga connue pour avoir imposé sur la scène vidéoludique un de ses héros les plus célèbres : l’ami Dante est alors à cette époque l’incarnation du héros badass, insolent et provocateur, jamais à court de punchlines bien senties et dégageant un sentiment de puissance inouïe. Sans compter la petite touche dramatique de son histoire qui continue à ajouter à la sympathie naturelle que l’on éprouvera pour lui. Bref une de nos icônes les plus illustres avec laquelle on appréciera à chaque moment de jouer! Quand on pense que le jeu devait être un Resident Evil à la base ça fait réfléchir! Mais Dante est étroitement associé à la révolution du beat-em-all qu’il a amené dans sa besace : dépoussiérant un genre qui avait été autrefois représenté par des Street of Rage, Double Dragon ou Golden Axe, il le fait entrer avec fracas dans le monde de la 3D en imposant de nouveaux codes qui trouveront une émulation chez des ténors comme God of War ou la “petite soeur” de Dante, la très sexy et fatale Bayonetta.

Le principe du jeu repose sur un débitage en masse de tout ce qui se présente devant vous, le bestiaire vous proposant dans son catalogue une cohorte de saletés venues tout droit du monde du dessous ainsi qu’une panoplie de boss qui ne vous laisseront pas de répit face à eux, Dante choisit une méthode de combat bien à lui : le style. En effet le maître mot de vos batailles sera de faire dans la variété des coups pour remplir une “jauge d’appréciation”. Plus vous variez les styles, plus vous obtenez un meilleur score. Sachez aussi que Dante, tout fils de Sparda qu’il est, dispose d’une transformation démoniaque qui booste considérablement sa puissance et régénère aussi progressivement sa vie. Une jauge démoniaque s’écoule progressivement au cours de cette transformation. Après épuisement il vous faudra la remplir en bataillant avec vos ennemis pour pouvoir l’utiliser de nouveau. Il vous faudra beaucoup jouer avec cette dernière d’autant plus que la transformation dispose elle-même de compétences propres. Le jeu vous invite donc à une maîtrise aussi évoluée que possible des attaques de votre personnage et croyez-moi vous allez devoir cravacher dur. Car à la fin de chaque niveau du jeu, un tableau résumera vos performances globales sur la base de plusieurs paramètres : temps de progression, score de combat et dégâts reçus. Une note finale déterminera alors quel bonus vous recevrez. Il convient de vous dire qu’il vaut mieux viser haut car de ce score pourra dépendre grandement votre évolution vu qu’il vous octroiera de précieux orbes rouges.

Ces derniers vous les trouverez également sur vos ennemis mais aussi dans certaines conditions qui nécessiteront parfois un zeste d’exploration. Ils constituent une monnaie au sein du jeu que vous pourrez dépenser chez des “maîtres du temps” en cours de jeu ou entre deux missions. Vous aurez le choix d’abord d’acheter certains objets qui seront cruciaux au cours du jeu : des sphères bleues qui agrandissent votre barre de vie, des étoiles vertes qui régénèrent votre vie ou encore des sphères jaunes qui vous permettent de ressusciter non loin du lieu de votre mort si vous succombez (un game over vous fera recommencer la mission depuis le début). Vous aurez aussi la possibilité d’acheter de nouvelles aptitudes pour vos armes. En effet au cours du jeu, Dante découvrira un nouvel arsenal comme l’épée Alastor ou un fusil à canon scié. Chacune nouvelle arme possède ses propres particularités et compétences que vous pourrez ainsi acheter grâce aux orbes rouges. Là est tout le principe du “cercle vicieux” du jeu : votre style de combat vous permet de gagner plus d’orbes qui vous permettent d’acheter plus d’objets ou de compétences ce qui vous permet de varier encore plus votre style et donc d’avoir plus d’orbes etc etc… Là est tout le secret d’une progression efficace… et l’essence même du jeu!

 

Contrôler Dante aujourd’hui reste encore un réel plaisir même si le gameplay en soit a pas mal vieilli : la séparation de l’aventure en mission plus ou moins longues a tendance à casser le rythme du jeu, Dante fait preuve parfois d’un peu de rigidité, les angles de caméras peuvent parfois rendre une situation confuse (vous retrouverez avec déplaisir le changement de perspective qui du coup entraîne un changement de direction de votre personnage) et il vous faudra compter avec une difficulté parfois bien assaisonnée. Les boss ne vous laisseront guère de chance et la nervosité du jeu fera que vivacité et réactivité seront cruciaux pour gérer vos batailles. Mais que cela ne vous déroute pas : on prend très vite l’habitude de ces petits couacs imputable à l’âge avancé du titre et on finit par les oublier assez vite. Preuve en soi de son aspect visionnaire. Prévoyez tout de même près de 10Go d’espace disque sur votre Switch : le jeu ne dispose pas hélas d’une version physique donc vous devrez passer fatalement par la version dématérialisée.

Devil May Cry, c’est aussi une galerie de scènes aux accents gothiques et baroques. Folie esthétique que ce jeu où croisées d’ogive, arc-boutants, salles aux allures de nef de cathédrale, statues, couloirs de style Renaissance, gigantisme de certains lieux et plans léchés vous plongeront dans un château aux pseudo-allures de Castlevania, tendance Symphony of the Night. Tout est fait ici pour faire ressortir une atmosphère envoûtante et prenante. Même les ennemis font tout pour vous faire rentrer dedans depuis les marionnettes en costume de théâtre, les spectres sombres aux faux airs de Parques armés de ciseaux géants sans compter les boss gigantesques tout droit sortis des enfers. On mentionnera aussi toute la cinématographie travaillée ne serait-ce que par les angles de caméras en cours de jeu qui soulignent parfois l’immensité d’un lieu ou les mystères qu’il recèle et certaines séquences cinématiques qui vous en colleront plein la vue (l’intro donne tout de suite le ton du jeu!). En un mot comme en cent : Devil May Cry, c’est d’abord un jeu très stylé et qui mise tout sur un univers à tomber. A ce niveau, il reste toujours aussi fascinant même après avoir soufflé ses dix-huit bougies. Techniquement parlant en revanche la chose se complique un peu plus.

Portage direct de la HD Collection déjà sortie sur Xbox, PS3 et PC, la version Switch livre en conséquence une copie à l’identique de cette dernière : on bénéficie pour le coup de l’upscaling graphique d’usage ce qui se traduit forcément par une netteté accrue de l’image, notamment grâce à l’apport d’un anti-aliasing salvateur. Naturellement le tout dans un 60 images par seconde que la Switch assure en constance sans broncher. Pour le coup toute la nervosité typique du jeu n’en ressort que mieux à l’image. Pas la peine de compter cependant sur un graphisme remis à l’ordre du jour : il reste parfaitement identique à celui de l’époque. Et si l’anticrénelage disparaît cela n’est que pour mieux souligner une technique qui accuse le poids du temps : les personnages manquent de polygones, les textures de finesse, les skyboxes et les arrière-plans sont brouillons. On est dans le portage après tout, pas le remaster donc inutile d’attendre un rehaussage massif. On gardera plutôt quelques réserves concernant les menus et les cinématiques en précalculé : ils conservent le 4:3 de l’époque et ces dernières affichent aussi une pixellisation particulièrement présente. Dans leur cas, un lifting plus prononcé aurait été plus que bienvenu.

 

Par contre le son alors là, mesdames et messieurs, on peut dire qu’il en remontre toujours autant. C’est là tout l’avantage d’une partie sonore : quand elle est de qualité, le temps n’a pas d’emprise sur elle! Devil May Cry va vous en coller plein les cages à miel, faisant osciller des compositions au style très classique dans les moments de calme (goûtez les suaves et subtiles envolées symphoniques qui résonnent en arrière plan lorsque vous pénétrez dans le château de Mallet) à des thèmes beaucoup plus agressifs et bruts façon électro/heavy metal quand les combats démarrent. Sans oublier la touche gothique qui va avec : l’orgue et parfois même les choeurs s’en donne à coeur joie à plusieurs reprises et leur seule présence suffit à transformer des compositions en thèmes inoubliables. Attendez de vous frotter à Néro Angelo ou même au dernier boss pour comprendre le sens du mot “bande-son épique”. On notera aussi des doublages anglais (sous-titrés français je vous rassure) de grande qualité même si on aurait pas été contre la présence supplémentaire d’une version japonaise non plus.

Terminer Devil May Cry ne vous prendra pas trop de temps. Ce sont surtout les boss ainsi que le côté exploration qui vous retiendront dans le jeu car en soi l’aventure s’expédie assez rapidement et vous ne devriez être occupé que pour une petite poignée d’heures au grand maximum. Les énigmes ne sont guère compliquées mais le manque d’indications claires quant au chemin à emprunter vous vaudra très probablement d’errer parfois pendant plusieurs minutes avant de (re)trouver votre chemin. On comptera aussi tout de même sur quelques secrets à découvrir au fil de l’aventure comme les fragments cachés ou encore les niveaux bonus qui vous plongeront dans des petits défis avec récompense à la clé!

La rejouabilité du jeu est quasi-inexistante et nul doute qu’une fois fini il prendra sa pause pour un temps plus ou moins long selon votre ressenti à son sujet. Vous le referez donc uniquement si vous avez envie de récupérer les quelques bonus que vous avez loupé lors d’une première partie ou tout simplement pour le plaisir de le refaire. Là encore on chipote mais un peu de contenu supplémentaire aurait été le bienvenu sur la Switch. Une fonction Amiibo par exemple serait sympathique, sans compter qu’en faire à l’effigie de Dante et Trish aurait de quoi attirer les foules en plus de fêter leur arrivée dans l’univers Nintendo.

On ne reviendra pas sur la qualité de Devil May Cry qui a su révolutionner le jeu et faire entrer le beat’em’all dans le monde moderne. Il conserve encore aujourd’hui une pêche monstrueuse et insolente et reste sublime du point de vue esthétique et sonore. Et puis Dante quoi… dois-je en dire plus? Bien évidemment l’âge et l’évolution des jeux-vidéo sont passés par là et certaines mécaniques comme la caméra, la durée de vie assez courte ou encore la séparation en multiples épisodes qui cassent le rythme pourront faire tiquer. Pour autant, le jeu respire encore l’excellence et il serait dommage que ces petits couacs vous empêchent de découvrir l’illustre père fondateur d’une saga mythique qui a révolutionné un genre.

Quant au portage, il se veut une copie carbone de la HD collection. Si l’affinage graphique est évidemment très net par rapport à la version PS2 d’origine et que la Switch assure le boulot sans ciller, on aurait souhaité tout de même quelques apports supplémentaires pour pallier à l’obsolescence technique et pourquoi pas quelques options propre à cette version.

Du coup l’achat de ce Devil May Cry ne se justifiera que si vous souhaitez découvrir la série sans forcément acheter les trois épisodes de la HD Collection ou que vous souhaitez rejouer au tout premier épisode dans les conditions les plus modernes, l’argument de taille par rapport aux autres versions étant qu’emporter Dante partout où on le souhaite c’est quand même chouette. Ceux qui en revanche possèdent déjà la HD Collection n’auront guère d’intérêt à se jeter dessus… à moins que leur obsession du jeu soit trop forte pour résister là aussi à l’appel de la transportabilité. On notera également que la version en dématérialisé uniquement risquera de faire tiquer ceux dont l’espace disque manque cruellement de place, étant donné que le titre prend 10Go d’espace.

Dans tous les cas, n’en doutez certes pas : l’ami Dante a peut-être pris quelques rides mais fait toujours autant pleurer le Diable dix-huit ans après sa naissance. Longue vie à Dante!

Test réalisé par RETRO_GAMEGEEK sur une version offerte par l’éditeur
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