Test : Ghost 1.0 sur Nintendo Switch

Ghost 1.0

Ghost 1.0

Genre : Metroidvania

Langues : Anglais Sous-titres : Français
Développé par @unepic fran
Édité par @unepic fran
Sortie France : 12/07/2018
Prix : 9,99€ sur l’eShop
Taille : 327,16 Mo

Site Web Officiel

Ghost 1.0 vous plonge un futur où les androïdes ont fait leur apparition. Vous incarnez Ghost, un agent infiltré dans un vaisseau spatial : le Nakamura. Vous avez missionné par deux geeks qui vous guideront par radio tout au long de l’aventure. Ghost n’est cependant pas présente physiquement dans le vaisseau, puisque vous incarnez son fantôme numérique, qui a la capacité de prendre le contrôle de n’importe quel androïde. Pratique pour explorer la station et passer les différentes lignes de défense.

Dès le début du jeu, on est surpris de voir cette histoire introduite par une séquence animée, un procédé qui viendra ensuite ponctuer cette histoire. Malgré cette belle entrée en matière, on a parfois le sentiment d’avoir été jeté là sans idée précise de la finalité de notre mission. Le scénario, assez chiche en rebondissements dans ses deux premiers tiers, évoluera au fil de votre exploration jusqu’à atteindre son climax, mais ce sentiment d’avancer à l’aveugle conduira parfois à un détachement vis-à-vis de l’intrigue.

Malgré quelques réflexions piochant dans les poncifs habituels sur la liberté et la conscience des androïdes, le jeu se veut assez léger dans son propos et dans son ton, n’hésitant pas faire références propres à la culture pop ou à la culture geek. Sans atteindre le niveau d’humour lourdingue d’Unepic, le précédent titre du créateur, l’écriture risque d’exaspérer certains joueurs en quête d’une aventure sérieuse ou d’un bon univers SF.

Les dialogues, en anglais, sont sous-titrés en français, de même que l’interface. Si quelques petites coquilles se cachent par endroit, le travail de traduction réalisé reste cependant de très bonne facture.

Ghost 1.0 se présente comme un Metroidvania académique qui exploite toutes les ficelles classiques du genre. Du côté de l’exploration, les 300 salles du Nakamura s’ouvriront à vous petit à petit. Régulièrement, vous rencontrerez des passages qui ne pourront être débloqués que plus tard dans le jeu, que ce soit à l’aide d’une nouvelle compétence ou d’un objet. L’exploration est assez cyclique : explorer une zone pour retrouver les six cartes permettant d’accéder à la zone suivante, affronter un boss, prendre un long couloir, découvrir une nouvelle zone, rechercher six cartes etc.

Le gain de compétences se fera de façon progressive et au travers de plusieurs systèmes vous permettant de personnaliser votre aventure. Tout d’abord les dizaines d’armes disponibles, allant du pistolet, au fusil à pompe en passant par le lance grenade et le laser passant au travers de vos ennemis. Ensuite, le jeu propose un arbre de compétences décomposé en cinq branches et qui se dévoilera au fur et à mesure. Enfin, des objets et des améliorations vous faciliteront la vie : double saut, augmentation de la cadence de tir, projection d’un double, bouclier, drones… la liste est longue et il faut encore y ajouter les geekeries, des items spéciaux aux effets drôles ou incongrus (carte affichée en ASCII, remplacement de certains sprites etc.). Au bout de quelques heures de jeu, on réalise que la montée en puissance est réelle et que Ghost 1.0 est un jeu plutôt généreux qui tente toujours de récompenser les joueurs curieux.

Pour financer vos armes, améliorations et autres kits de réparations, vous récolterez des cubes d’énergie, la monnaie du jeu. Pour obtenir assez de cube pour pouvoir progresser, il vous faudra affronter des vagues d’ennemis. Pour cela le Nakamura possède de nombreuses salles mettant un avant un poste à pirater. Les tentatives de piratage déclencheront systématiquement une alerte qui vous enfermera dans la pièce le temps de venir à bout du service d’ordre qui vous tombera dessus. Si vous survivez, à vous les dizaines de cubes, dans le cas contraire vous perdrez vos crédits et reviendrez au dernier point de sauvegarde. Si vous cherchez à vous refaire, vous pourrez redéclancher les alarmes de chaque salle, mais les moyens déployés pour vous abattre seront de plus en plus puissants.

Il est dommage que les phases de tir prennent autant le pas sur les phases d’infiltration. Ces dernières sont assez peu présentes et peu récompensées. Si Ghost doit régulièrement prendre le contrôle d’autres Androïde pour accéder à certains lieux ou pour résoudre de petites énigmes, l’idée semble vraiment sous-exploitée. Le jeu s’appuie beaucoup plus sur une boucle porte – combat – récompense, aussi répétitive que potentiellement lassante. De plus, les phases d’actions font parfois intervenir suffisamment d’adversaires et de projectiles pour nuire à la lisibilité de l’action. Certaines salles pourront presque prendre l’allure d’un bullet hell.

Notez aussi que Ghost 1.0 est originellement sorti sur PC en juin 2016. Si ce portage console est soigné et que son interface est tout à fait utilisable à la manette, les phases de tir pourront demander un léger temps d’adaptation à ceux qui n’ont pas l’habitude des twin stick shooters. Heureusement pour eux, l’auto-lock est assez généreux.

La direction artistique de Ghost 1.0 est sans doute le point qui pourra repousser le plus de joueurs. Loin d’être moche, le jeu manque cruellement de charme, aussi bien dans ses environnements, son chara-design ou ses musiques. Les armes, pourtant nombreuses et au centre du gameplay, auraient pu être bien plus fun à prendre en main si le jeu avait soigné ses impacts et ses effets de particules. Ghost 1.0 étant quasiment le projet d’un seul homme, tout semble avoir manqué de temps et de moyens pour pouvoir se distinguer et rien n’y est jamais vraiment marquant.

Chaque zone du vaisseau possède ses éléments de décors, son bestiaire et son thème musical, mais l’ensemble manque d’une véritable patte artistique, surtout lorsqu’on le compare à des canon du genre comme Guacamelee!, SteamWorld Dig 2 ou Hollow Knight. Heureusement que les séquences animées sont là pour dynamiser un peu l’ensemble. Quand bien même les animations y sont sommaires, elles apportent à Ghost 1.0 un élément lui permettant de se démarquer.

Enfin, notez que les environnements du jeu sont régulièrement très sombres. Si cela n’est pas gênant dans la plupart des situations, certains passages perdront vite en lisibilité si vous jouez en version portable dans un environnement très lumineux, même en poussant la luminosité à fond. Il m’est parfois arrivé de ne pas réussir à anticiper la présente de certains ennemis ou de devoir passer par le carte pour réaliser qu’une porte était présente dans une pièce que j’avais pourtant visitée de fond en comble. Dommage qu’aucune option ne permette de régler le contraste.

En plus de ces trois niveaux de difficultés, Ghost 1.0 possède deux modes de jeux. Le mode « Classique » où vous achèterez vos armes et suivrez une courbe de progression assez linéaire, et le mode « Survie » où l’équipement apparait aléatoirement et beaucoup plus rapidement. Dans ce second mode, chaque mort vous fera perdre votre arsenal, mais vous redeviendrez rapidement une machine de guerre. Il ne manquerait plus que le vaisseau soit généré aléatoirement pour donner à l’ensemble un petit côté rogue-like.

Ghost 1.0 se prête étonnamment bien au format hybride de la Switch, puisque les salles ne prendront presque jamais plus de quelques minutes à être explorées. On peut picorer ce jeu, ou le dévorer en quelques longues sessions de jeu. Comptez entre 10 et 15 heures pour le finir dans son mode classique. L’exploration du Nakamura s’y fera zone par zone et chacune d’elle se conclura par un combat contre un boss. Dommage que ces phases peinent aussi à être véritablement marquantes. Notez d’ailleurs que si vous êtes en difficulté contre un boss, vous pouvez baisser la difficulté du jeu à n’importe quel moment. Hélas, une fois la difficulté baissée, elle ne peut pas être revue à la hausse.

Le studio barcelonnais derrière la titre a aussi fait l’effort de cacher des petits secrets dans les deux tiers des salles du vaisseau. Une attention charmante qui s’ajoute aux différents succès pouvant être débloqués, mais qui est parfois plombée par la vitesse de déplacement de votre personnage qui pourra sembler un peu lente lorsqu’il s’agira enchainer les allers-retours.

Enfin, le jeu inclue des missions annexes qui pourront être débloquées tout au long de votre progression. Chaque mission vous propose de réaliser plusieurs objectifs avec plus ou moins de contraintes. Un ajout sympathique et un effort que n’auraient pas fait de nombreux studios. Puisqu’on vous dit que ce jeu est généreux !

Ghost 1.0 est un jeu qui applique sagement une recette qu’il ne cherche jamais à révolutionner, et qui compense une direction artistique assez banale par sa générosité et son humour. On ressent rapidement que la très petite équipe derrière ce titre s’est fait plaisir et n’a pas ménagé ses efforts.

Si vous êtes un gros consommateur de metroidvania et que vous n’avez pas déjà essayé ce jeu sur PC, cette version Switch devrait vous satisfaire. Cependant, pour les autres joueurs, l’eShop ne manque pas de jeux similaires bien plus marquants, que ce soit en termes de gameplay ou de direction artistique.

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