Test : Merchands Of Kaidan sur Nintendo Switch

MERCHANTS OF KAIDAN

Genre : Stratégie, Simulation, RPG
Langues : Anglais
Développé par Forever Entertainment
Édité par Forever Entertainment
Sortie France : 31/01/2019
Prix : 9.99€ sur l’eShop
Taille : 1827,67 Mo
Joueurs : 1
Age minimum : 12+

Site Web Officiel

Il est toujours stimulant de s’aventurer dans un jeu de simulation demandant réflexion, attention et implication. On a tous, à un moment ou à un autre, pris en main la création d’une ville, d’une civilisation, ou bien d’un empire tout entier. Cette gestion à grande échelle se développe sur des centaines voire des milliers d’années. Pourquoi ne pas s’attaquer à quelque chose de plus petit, pour une fois ? C’est ce que nous propose Merchants Of Kaidan !

Développé par les Polonais de Forever Entertainment (Qbik, Surfingers, Prodigy Tactics…), MoK est tout d’abord sorti sur PC et tablette en 2015 avant de débarquer sur Nintendo Switch cette année. Il nous met dans la peau d’un humble commerçant désireux de faire fortune après avoir obtenu sa majorité. Nous démarrons notre périple avec un chariot, une bourse d’or et quelques pièces d’argent, mais notre niveau de motivation est au plus haut : parviendrons-nous à faire profit, à être influent et à entasser le plus d’argent possible ?

L’histoire de Merchants Of Kaidan se situe dans un univers médiéval doté d’éléments de fantasy. En effet, si la carte, les villages, la monnaie et les armes rappellent la vieille époque, les créatures mystérieuses, la magie et les prédictions nous renvoient automatiquement vers le monde de l’imaginaire. A la manière d’un Point n’ Click, le jeu se joue avec les Joy-Con en déplaçant une flèche et en cliquant sur les éléments qui nous intéressent. Toutefois, le tactile fonctionne également : comme sur une tablette, on tapote sur de gros boutons, on zoome avec les doigts et on balaye la carte pour découvrir tous les lieux à visiter.

Nous incarnons un très jeune commerçant du nom d’Ollivean qui part à la conquête de richesses. Sur une carte, il faut alors le conduire de villages en villages, acheter des matières premières et des provisions à bas prix et revendre le tout le plus cher possible. Cette description parait très simple, mais c’est bien plus développé qu’il n’y paraît. En effet, en tant que bon marchand, nous devons nous tenir au courant du cours de l’or et de la fluctuation des prix. Les matériaux et la nourriture n’ont absolument pas la même valeur selon les lieux et la période. Il faut alors étudier l’offre et la demande, et être à l’affût des opportunités. Pour cela, on peut par exemple rencontrer une diseuse de bonne aventure, écouter les rumeurs se propager dans les tavernes, être serviable avec les inconnus, ou améliorer sa chance. A la manière d’un RPG, il faut aussi gérer son stock et réaliser des quêtes comme accumuler une certaine somme d’argent, engager un certain nombre de mercenaires ou traverser des montagnes.

Sur le papier, cela a l’air vraiment sympa. On a l’impression d’avoir quelque chose de poussé, avec un algorithme de commerce complexe et énormément de possibilités. En réalité, cela ne se passe pas vraiment de cette manière. Tout est finalement lié au hasard, sans logique apparente. En effet, Mechants Of Kaidan semble nous mettre des bâtons dans les roues de bout en bout. On aura rarement vu un jeu aussi impitoyable. Il est très difficile de progresser et d’amasser de l’or en permanence. Tout est plus ou moins fait pour nous ruiner.

Les voyages, par exemple. Aller d’un village à un autre est très coûteux, et c’est sans compter les événements aléatoires qui peuvent se produire sur notre route. La nourriture périme, les voleurs attaquent, le chemin est encombré (nécessitant un détour) et des personnages étranges ne nous apportent que du malheur. Il est tout à fait possible de trouver un coffre en chemin mais le butin est infime par rapport à ce qui nous été pris. En plus de cela, il est parfois nécessaire de franchir un péage pour atteindre certaines villes, et il faut souvent faire des allers-retours.

La fluctuation des prix n’a rien de rationnel. On pourrait croire, à juste titre, que la position des bourgs a un impact sur l’offre et la demande de certaines marchandises. Timiva, par exemple se situe dans une province où l’agriculture est abondante. Si on suite cette logique, la nourriture devrait pouvoir s’acheter à bas prix. Pas de chance, elle est au contraire très recherchée. A l’inverse, un endroit comme Letari, impacté par la Peste, devrait faire des provisions sa principale nécessité. Pas de chance aussi, les étals débordent de biens. Les saisons n’ont, quant à elles, aucun impact sur le niveau de rareté de certains aliments. La sécheresse (été) et la neige (hiver) ne posent absolument pas de problème !

Le jeu impose sa loi de bout en bout. Il n’indique rien qui soit susceptible de nous aider. Tout peut changer en l’espace d’un instant. Les prix peuvent être excessivement hauts lors d’une première visite dans une échoppe, et être excessivement bas lors de la seconde, peu importe le nombre de jours passés. Payer un verre pour écouter des ragots peut être intéressant : on y apprendra que dans tel village des besoins en charbon, par exemple, se font ressentir. Il faudra faire tout le voyage, survivre éventuellement à une embuscade et payer potentiellement plusieurs péages pour avoir la chance (ou non!) d’obtenir le précieux butin.

Cela a l’air complètement absurde. En fait, Merchants Of Kaidan demande un long temps d’adaptation. Il faut de nombreuses défaites et des parties recommencées pour adopter les mécaniques et finir par comprendre quelques subtilités. On saura alors par expérience que la nourriture, périssable, n’est pas la priorité et que les matières premières, coûteuses au début, sont bien plus avantageuses sur le long terme. On finira par rejoindre une guilde et créer des partenariats avec d’autres marchands pour augmenter son capital. On recrutera des mercenaires pour aller fouiller dans des mines abandonnées et affronter des créatures belliqueuses. On voyagera contre vents et marées accompagnés de conseillers toujours prêts à nous aider. Le jeu finit par devenir intéressant au bout de plusieurs heures, mais déjà faut-il tenir jusque là…

Les graphismes sont tout simplement impeccables. L’univers médiéval / fantasy est très bien représenté. Les environnements sont dessinés à la main, mettant en lumière des villages identifiables et des lieux mystérieux à visiter. Le niveau de détail est appréciable et les endroits fréquentés paraissent vivants. Les menus sont simples et accessibles. Un vrai plaisir pour les yeux.

La bande son est absolument immersive. Impossible de ne pas se laisser entraîner par ces balades médiévales à la harpe ou par ces musiques d’ambiances relaxantes et lumineuses. Ces dernières ne sont malheureusement pas assez diversifiées. Les bruitages, eux, s’intègrent bien à l’ensemble et ne sont pas hors sujet. Quant aux voix, il n’y en a pas! Tout est écrit…en anglais. Une certaine maîtrise de la langue de Shakespeare est recommandée pour comprendre, par exemple, les objectifs de quêtes.

Merchants Of Kaidan propose quatre modes de jeu. Il y a tout d’abord l’aventure principale, visant à venger la mort du père d’Ollivean. De nombreux objectifs sont à réaliser pour en arriver à bout, certains d’entre eux dévoilant des sous-intrigues. Le second mode permet de réaliser le rêve de tout marchand qui se respecte : obtenir 1 million de pièces d’or. Le troisième transporte le joueur dans une partie de cinq ans. Enfin, le quatrième est une sorte de version “casual” puisqu’une seule année sera nécessaire pour conquérir le monde du commerce. Une option “easy mode” peut être sélectionnée, proposant un modèle tarifaire plus réaliste.

Dans tous les cas, ces scénarios contiennent assez de quêtes pour alimenter le joueur assidu pendant de nombreuses heures, dès lors qu’il aura bien pris en main le jeu et compris son fonctionnement. Passée cette étape, la durée de vie dépendra du temps et de l’envie, car ne l’oublions pas, il s’agit avant tout d’un jeu de gestion.

Merchants Of Kaidan a de quoi attirer n’importe quel amateur de jeu de stratégie : de beaux graphismes, des musiques envoûtantes, un univers médiéval/fantasy immersif et une gestion d’un commerce à petite échelle. Un empire financier se construit pas en pas en voyageant, en rencontrant des gens et en affrontant des créatures. Le cours de l’or influence de manière négative ou positive nos dépenses et nos décisions. Le potentiel est énorme et les idées fourmillent. Malheureusement, le tout est gâché par des choix scénaristiques étranges, un générateur d’événements aléatoires qui nous veut du mal, et une fluctuation des prix qui n’a ni queue ni tête. Les échecs s’enchaînent, rares sont les récompenses et il faut s’accrocher, encore et encore, pour obtenir la victoire tant convoitée…

 

Test réalisé par Mataii sur une version offerte par l’éditeur
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