Test: Riot Civil Unrest sur Nintendo Switch

Riot Civil Unrest

Genre : Simulation, Stratégie
Langues : Français, Anglais, Espagnol, Italien, Allemand, Russe, Japonais, Chinois

Sous-titres : Français, Anglais, Espagnol, Italien, Allemand, Russe, Japonais, Chinois
Développé par IV Productions
Édité par Merge Games
Sortie France : 07/02/2019
Prix : 19.99€ sur l’eShop, 29.99€ version boîte
Taille : 1419.77 Mo
Joueurs : 1-4
Age minimum : 16

Site Web Officiel

Le monde des jeux vidéo nous propose tout un tas de simulateurs dans lesquels il est possible, par exemple, de gérer un hôpital, de conduire une ambulance, ou de diriger un pays. Riot Civil Unrest, lui, offre un concept novateur puisqu’il permet aux amateurs de jeux de stratégie en temps réel de se retrouver au cœur des émeutes. Il a tout d’abord fait l’objet d’une parution sur Steam en 2016 avant de débarquer sur Xbox, PS4 et Nintendo Switch début février 2019. Evidemment, nous testons ici la version Switch et elle arrive à point nommée puisque, à moins que vous ne viviez dans une grotte, notre pays se retrouve face à des mouvements sociaux depuis plusieurs mois déjà.

Riot Civil Unrest transporte le joueur au milieu de conflits mondiaux récents et mouvementés. Leonard Menchiari, créateur et ancien éditeur chez Valve, en a personnellement fait l’expérience lors du No Tav en Italie, une manifestation contre le projet de construction de la ligne à moyenne vitesse Lyon-Turin. Il a développé le jeu dans le but de raconter ces événements et de retranscrire ses émotions. Ce RTS est donc censé nous plonger directement dans la véhémence des mouvements contestataires des XXe et XXIe siècles.

Il est temps pour vous de prendre part au mouvement des Indignés (Espagne), au No Tav (Italie), au Printemps arabe (Egypte) et au Keratea (Grèce), et la grosse surprise, c’est que vous pouvez vivre ces conflits dans les deux camps. Incarnerez-vous les émeutiers ou les policiers ? Qui a raison ? Qui a tort ? C’est à vous de choisir !

Dans la peau des manifestants, vous devrez atteindre vos objectifs. Tenir un pont, protéger une zone, repousser les forces de l’ordre, faire sauter des générateurs ou empêcher l’arrivée des renforts, feront partie de vos missions. Pour les mener à bien, il faudra au préalable vous préparer en emportant avec vous amures et matériels (pierres, cocktail Molotov, pétards, mobilier urbain…). Plus votre équipement sera lourd et agressif, moins il y aura d’émeutiers sur la carte. Ensuite, vous contrôlerez quatre groupes de personnes. Libre à vous de décider quelle sera votre approche. Soyez hargneux, cassez la figure des policiers, et vous risquez de vous mettre à dos les journalistes qui vous percevront comme des brutes. A contrario, influencez positivement le cours de la manifestation en mesurant vos actes pour vous attirer le soutien du peuple. La stratégie est donc à l’honneur puisqu’un travail de gestion sera à effectuer.

En incarnant les gardiens de la paix, il vous faudra contenir la foule et endiguer la crise. A vous d’opter pour des techniques agressives ou passives, qu’il conviendra d’adapter en fonction du comportement des émeutiers. Des brigades d’assaut, tactiques et d’artillerie seront à prendre en charge et vous aurez la possibilité d’utiliser des canons à eau, des fourgons et même des tanks ! Niveau armement, gaz lacrymogènes, matraques, balles en caoutchouc et balles réelles seront à votre disposition, mais attention ! Si vous faites des victimes, celles-ci seront considérées comme des martyrs et le cours des événements ne sera pas en votre faveur…

L’idée est sympa et très originale, mais les défauts apparaissent dès les premières minutes de jeu. En effet, Riot Civil Unrest nous lâche sans préambule ni explications. Les conflits auxquels nous prenons part ne sont pas vraiment développés, et il n’y a aucun tutoriel pour nous expliquer les commandes. Il faut alors apprendre par soi-même, découvrir les différentes façons de jouer tout en empêchant le camp adverse de progresser. C’est très laborieux car les contrôles sont lents et manquent de précision. Au premier abord, il est difficile de savoir ce qui est sélectionné. La visée est incontrôlable dès qu’il est question de lancer des pierres ou des grenades. Elle n’est en réalité par adaptée pour les consoles de salon : il doit être bien plus facile d’utiliser une souris sur la version PC.

L’interface du jeu manque de clarté, si bien que l’ensemble paraît assez brouillon. On ne sait pas toujours où on en est, entre les manifestants qui envahissent l’écran et les avertissements qui apparaissent de temps à autres. Où donner de la tête ? Il y a en réalité beaucoup trop d’informations et aucun répit. Bien sûr, il s’agit d’un simulateur d’émeutes, mais il y a des moments où on aimerait comprendre ce qu’il se passe.

Quelques bugs gâchent aussi l’expérience de jeu comme des grenades qui n’explosent pas même si on les lance au bon endroit, ou des groupes de manifestants qui restent bloqués devant un petit obstacle, comme un rocher ou un poteau.

La direction artistique a opté pour des graphismes en pixel art, et on ne s’en lasse pas. Ces derniers sont très bien fichus et immergent rapidement le joueur adepte du rétro dans un univers où la tension est latente. Néanmoins, l’émerveillement s’atténue lorsqu’il y a trop d’émeutiers à l’écran. En se mélangeant, ces derniers créent une sorte de bouillie de pixels qui rend le tout légèrement désagréable.

Côté bande-son, les menus dévoilent des musiques électroniques modernes. Leur dynamisme est entraînant et on s’imagine les retrouver en mode “ambiance” au sein des niveaux. Pas de chance! Ces derniers ne contiennent que des cris, des bruits de coups et des explosions. Alors oui, cela favorise l’immersion mais on aurait aimé un petit quelque chose en fond sonore pour accentuer un peu plus le conflit qui règne entre protestataires et policiers.

Il existe trois modes de jeu (Histoire, Global et Versus) ainsi que trois niveaux de difficulté (Très facile, Moyen, Impossible).

Le mode Histoire propose 16 cartes dans lesquelles nous devons choisir notre camp et notre équipement. L’ensemble est entièrement scénarisé et nous suivons les événements qui se sont produits au sein des 4 grands conflits cités précédemment. Il s’agit d’une campagne, à proprement parler, puisque chaque niveau se déverrouille au fur et à mesure. Ces stages sont ensuite à refaire en choisissant le camp adverse afin de confronter les points de vue.

En Global, nous avons moins de restrictions puisque nous pouvons parcourir les niveaux de différentes manières. Il y a toutefois un élément important à prendre en compte : l’opinion publique. Si nos émeutiers sont trop violents, ils perdront en crédibilité et ne seront pas soutenus. A contrario, si nos manifestants sont trop pacifiques, ils peineront à progresser mais gagneront en popularité, impliquant une baisse de moral côté forces de l’ordre. Dans tous les cas, la difficulté changera en fonction de notre façon de jouer.

Jusqu’à présent, nous jouions contre l’IA. Cependant, le mode Versus permet d’affronter jusqu’à quatre joueurs en local. Chacun choisit son camp et c’est le début des affrontements. On découvre ici une autre facette du jeu puisqu’on peut soit être totalement agressif, soit totalement stratégique, le but étant, évidemment, de vaincre son adversaire. En plus de cela, des cartes sont à débloquer !

Il ne faudra que quelques heures pour venir à bout de ce Riot Civil Unrest. Le jeu se finit relativement vite, si tant est que vous ayez bien maîtrisé les commandes et la gestion de votre foule. Il est difficile de revenir sur la campagne, et refaire des niveaux en mode Global n’apporte rien de spécifique, à part des succès. En revanche, un petit Versus pourra rentabiliser votre achat si vous voulez explorer les différentes protestations à plusieurs.

Riot Civil Unrest avait beaucoup à nous offrir : expérimenter les conflits dans les deux camps, développer sa propre opinion, agresser ou pacifier, le tout dans des graphismes attirants. Faute de moyens, le studio n’a, semble-t-il, pas pu aller au bout de ses ambitions. Les contrôles maladroits, le gameplay confus et les actions limitées ne nous permettent pas d’apprécier à sa juste valeur ce jeu italien qui, pourtant, avait de quoi nous surprendre. Jouer à un simulateur d’émeutes n’est en effet pas très courant, mais on aurait aimé plus de profondeur et de richesse dans le contenu.

Test réalisé par Mataii sur une version offerte par l’éditeur
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