Test : SteamWorld Quest : Hand of Gilgamech sur Nintendo Switch

SteamWorld Quest : Hand of Gilgamech

Genre : Aventure, RPG, Combats de cartes
Langues : Japonais, Français, Allemand, Italien, Espagnol, Anglais, Russe.
Développé par Image & Form
Édité par Thunderful
Sortie France : 25/04/2019
Prix : 24,99€ sur l’eShop
Taille : 729,81 Mo
Joueurs : 1
Age minimum : 12

Site Web Officiel

Le suffixe “-world” qui compose le nom de la saga imaginée par les développeurs d’Image & Form n’est aucunement usurpé, puisqu’en l’espace de quatre opus majeurs (et un cinquième moins connu du grand public), les artistes sont parvenus à dépeindre un univers fabuleux. Ainsi, après s’être essayés au tower defense dans un épisode éponyme, au jeu de minage mâtiné d’exploration à la sauce MetroidVania dans les deux superbes Dig, et à la stratégie dans l’inoubliable Heist, ils ont choisi de s’orienter vers le RPG de combat de cartes, un genre pour le moins singulier et trop peu effleuré, au grand dam des amateurs de Baten Kaitos et autres Hand of Fate.

SteamWorld Quest se pare donc de ses plus beaux atours pour vous conter une histoire tantôt délicieusement naïve, tantôt ballottée vers des enjeux plus sombres (mais toujours présentés avec un ton très caustique), au cœur d’un monde tout de boulons et de taules vêtu où l’huile et les bons mots coulent à flots. Jouissant d’une écriture riche et de dialogues ciselés (mention spéciale à l’excellente traduction française qui se permet même une localisation précise et précieuse des jeux de mots !), Quest met en scène le périple de Copernica, Armilly et Galleo – respectivement étudiante en alchimie, héroïne en quête de prouesses et artisan – afin de retrouver une guilde ayant mystérieusement disparu. Forcément, leur voyage les amènera à démêler les liens d’une intrigue sensiblement plus complexe, et leur permettra de s’offrir le soutien d’autres personnages centraux qui combattront à leurs côtés.

Le jeu alterne entre des phases d’exploration, assez rudimentaires (puisque ne permettant généralement que des déplacements linéaires : haut, bas, droite, gauche) et des combats de cartes au tour par tour d’une technicité appréciable puisque le système de jeu s’enrichit au gré de nos pérégrinations. Le joueur glane ainsi différentes cartes, divisées en trois catégories bien distinctes : les attaques, les aptitudes et les améliorations. Les premières ne dépendent d’aucune condition d’activation, et leur utilisation permet d’engranger des points de pression, nécessaires à l’engagement des deuxièmes. En effet, les aptitudes sont énergivores, mais leurs effets sont dévastateurs. Enfin, les améliorations ne doivent en aucun cas être négligées car le jeu forcera souvent le joueur à alterner entre l’attaque physique, la magie offensive, l’aptitude défensive et le soin.

Il en résulte un équilibrage très maîtrisé du gameplay, notamment permis par une IA redoutable (surtout en mode difficile) qui ne fera aucun cadeau au joueur. Dans SteamWorld Quest, il est impossible de foncer tête baissée, sous peine d’encaisser de sérieux dégâts souvent décisifs. Le joueur devra alors ruser, par exemple en altérant le statut de ses adversaires (sommeil, saignement, paralysie, etc.) tout en l’empêchant d’agir équitablement avec les membres constituant son équipe. Il devra aussi garder un œil sur l’équilibre élémentaire, certains assaillants étant plus ou moins résistants au feu, à l’électricité, à la glace, etc. En outre, il est souvent nécessaire de choisir intelligemment chacune des trois cartes permises lors d’un tour, afin de jongler entre attaques et aptitudes et ne pas consommer inutilement de précieux points de pression qui permettraient, au tour suivant, d’invoquer une magie plus puissante. Parfois, il faudra peut-être se résoudre à échanger une ou deux cartes dans la pioche, sans pour autant avoir la certitude que la chance nous sourira. Le hasard n’est pas toujours un allié fiable, et ne nous offrira pas nécessairement la garantie de jouer trois cartes d’un même héros au cour du même tour et de bénéficier, de ce fait, d’une quatrième attaque spéciale aux effets généreux (et dont la nature dépend de l’équipement dudit personnage).

Ce système de combat, très proche de celui de Baten Kaitos précédemment cité, motivera le joueur dans sa passionnante collecte, puisque cent cartes seront à réunir : et si certaines sont bien cachées dans des coffres au trésor, d’autres seront à crafter grâce aux matériaux accumulés au combat. Enfin, il est important de noter que la plupart de ces cartes peuvent également être améliorées de la même manière. Et si nos trois belligérants autorisés lors d’une rixe ne peuvent constituer des decks formés que de huit cartes (pour un total de 24, donc), le jeu forcera toujours le joueur à renouveler ses tactiques en lui opposant des monstres aux stratégies diverses et variées (Il ne faut donc pas espérer parcourir l’aventure avec un seul deck inchangé du début à la fin, c’est tout bonnement impossible !). Mention spéciale pour les boss, réellement redoutables et qui, accompagnés de leurs sbires, parviennent à enchaîner les malus tout en se soignant à chaque tour sans se priver d’occasionner de lourds dégâts dans nos troupes. Prudence !

Graphiquement parlant, le jeu est une pure merveille. Les décors, sans égaler les productions Vanillaware, à qui l’on doit Odin Sphere, par exemple, sont d’une exquise beauté. Quant aux animations des protagonistes, elles sont ravissantes et d’une fluidité exemplaire. Mais c’est surtout la direction artistique elle-même qu’il convient de saluer chaleureusement, car rarement un univers robotique n’a paru si vivant, si organique, et si habile à se mouvoir dans un cadre merveilleux. Comme dans leurs précédentes productions, les graphistes d’Image & Form ne se sont pas cantonnés à la vision stéréotypée du steampunk dans sa version la plus froide et grinçante, mais dépeignent avec passion un petit monde cohérent, contrasté et dont les éclairages invitent le joueur à la contemplation. Enfin, le chara-design est très particulier et, s’il peut diviser, a le mérite d’assumer pleinement sa douce folie.

L’aspect musical n’est pas en reste puisque de nombreuses pistes accompagnent le joueur dans sa découverte d’un complot alchimique, et le rythme donné à cette aventure doit énormément à l’aisance avec laquelle les compositions soulignent l’action. De surcroît, certains thèmes sont d’une qualité remarquable, comme celui des combats de boss, épique à s’en damner ! Cela vous rappellera peut-être la série des Mario & Luigi qui, derrière une narration décomplexée, savait transcender ses enjeux dramatiques en mettant en valeur les combats centraux grâce à des compositions magistrales.

L’aventure peut être parcourue en une quinzaine d’heures, mais le joueur désireux de rassembler toutes les cartes pourra viser la vingtaine. Ainsi, il pourra aisément revisiter d’anciens chapitres (19 au total, divisés en 4 actes) afin de dégoter tous les trésors cachés, le bémol étant qu’il faille assister à toutes les cinématiques, même si une pression sur la touche B autorisera à accélérer voire passer certains dialogues. En outre, le crafting et l’amélioration intégrale des cartes peut s’avérer chronophage puisque la collecte des matériaux implique un certain farming, et donc des combats supplémentaires.

Des affrontements qui sont heureusement permis par le jeu (chaque statue de sauvegarde faisant réapparaître les ennemis sur la map) et surtout vivement conseillés afin de faire face aux pics de difficulté que représentent certains boss (même si le joueur pourra aussi -honte à lui ! – changer momentanément la difficulté du jeu en cours de route). Enfin, il est important de préciser qu’un mode Colisée se débloque en fin de partie, proposant de participer à différentes ligues et d’obtenir des prix. Il faut malgré tout admettre que le soft souffre d’une certaine répétitivité, car s’axant majoritairement sur des combats à outrance, et l’on peut déplorer l’absence d’un mode multijoueur qui aurait permis l’exploitation totale d’un système de combat aussi riche et addictif !

Les développeurs d’Image & Form disposeraient-ils d’une pierre philosophale afin de transformer tout ce qu’ils touchent en or ? Issu d’une riche lignée de jeux passionnants valsant avec des genres divers, SteamWorld Quest est un soft généreux qui remet au goût du jour un système de combat que l’on aimerait plus présent dans le paysage vidéoludique. Belle, intelligente, amusante… cette aventure robotique ne manque pas de qualificatifs mélioratifs et semble incapable de pâtir d’une mauvaise pioche ! Et même si quelques grincements métalliques sont à déplorer, comme une certaine redondance inhérente au genre ou l’absence d’un mode multijoueur, on ne peut que s’émerveiller devant une telle création qui transpire l’huile et la passion. S’il est clair que les développeurs sont les maîtres du jeu, c’est bien le joueur qui a les cartes en main !

Test réalisé par Yorick sur une version offerte par l’éditeur
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