Test : YIIK – A Postmodern RPG sur Nintendo Switch

YIIK : A Postmodern RPG

Genre : Aventure, RPG
Langues : Anglais Sous-titres : Anglais
Développé par Ackk Studios
Édité par Ysbryd Games
Sortie France : 17/01/2019
Prix : 19.99€ sur l’eShop
Taille : 4002,41 Mo
Joueurs : 1
Age minimum : 16+

Site Web Officiel

Vous avez peut-être connu la fin des années 90 et les différentes annonces d’apocalypse qui ont suivi. Le bug de l’an 2000 en faisait partie et un certain nombre de personnes s’imaginait que ce problème informatique mettrait un terme à notre société. “YIIK”, ou Y2K (“y” pour “year” et “2k” pour “2000”), fait directement allusion à ce phénomène à travers un RPG réalisé par Ackk Studios (Two Brothers) et sorti sur Nintendo Switch mi-janvier 2019.

Vous incarnez Alex, un jeune diplômé geek, qui revient dans sa province natale et s’installe chez sa mère. En guise de cadeau de bienvenue, cette dernière vous laisse une liste de courses et vous demande bien gentiment d’aller chercher les produits dont elle a besoin. Un chat très moustachu du nom de Dali (oui, comme Salvador!) vous bloque le chemin et vous vole votre précieux papier avant de s’enfuir dans une usine désaffectée. Vous le suivez tant bien que mal à l’intérieur, et finissez par rencontrer une fille du nom de Sammy qui se fait enlever, quelques minutes plus tard, par d’étranges créatures. Vous ne pensez qu’à une chose : aller la secourir !

Yiik fait partie de ces softs volontairement rétros qui jouent sur la corde sensible du gamer nostalgique. En effet, il se dote de tous les codes du J-RPG des années 90 : vue du dessus, villes à visiter, donjons à parcourir, rencontres aléatoires, combats au tour par tour, gestion de l’inventaire, sauvegardes ponctuelles, compagnons de voyages…tout y est. Toutefois, il ne s’agit pas de n’importe quel RPG puisque celui-ci se veut “post-moderne” : les événements sont surréalistes et l’histoire se passe en 1999. Contre toute attente, ce n’est pas la fantasy qui prédomine mais la modernité.

Sur le papier, l’idée n’est pas mal trouvée. On navigue au sein d’un univers psychédélique truffé de références à la pop culture (jeux vidéo, musique, cinéma…) dans lequel les personnages se retrouvent face à des mondes parallèles, des entités cosmiques et des situations irrationnelles. Il est très facile de rentrer dans la peau d’Alex, ce dernier s’adressant directement à nous en fonction des circonstances. Il nous livre ainsi ses réflexions et nous donne des indices au fil de l’aventure. Mais en pratique, ce n’est pas si simple que ça.

On a très rapidement l’impression qu’Acck Studio s’est compliqué la vie en développant son jeu. En effet, ce qui aurait pu être rapide et innovant devient lent et ennuyant. Les menus, par exemple, ne sont pas les plus évidents à prendre en main. La navigation est laborieuse car tous les objets que possède Alex se retrouvent mélangés dans le même sac. Il n’y a pas de compartiments pour séparer l’équipement, les items importants ou les aliments : il faut donc sans arrêt scroller et chercher ce qui nous intéresse.

L’amélioration des compétences est, elle aussi, fastidieuse puisqu’il faut au préalable se transporter vers le donjon de l’esprit d’Alex via une cabine téléphonique. On retrouve dans ce donjon quatre portes correspondant à quatre caractéristiques à augmenter, chacune d’entre elle étant associée à une valeur. Plus cette dernière est élevée, plus notre personnage aura la force nécessaire pour progresser dans son périple. Mais améliorer ces stats n’est pas de tout repos, car cela demande diverses manipulations qui pourront vous faire grincer des dents.

Sur le moment, les combats ne semblent pas très originaux. On se balade sur une carte, on rencontre des ennemis qu’on affronte au tour par tour et on améliore ses capacités au fur et à mesure des montées de niveau. Toutefois, a l’instar de Paper Mario, les attaques s’effectuent à travers des mini-jeux qui déterminent la puissance des coups et leurs combos. Notre ami Alex frappe ses ennemis à l’aide d’un vinyle : à chaque tour, il le pose sur sa platine et le joueur doit appuyer au bon moment sur des bandes de couleurs dès que ces dernières passent sous la pointe en diamant. Pour se défendre, c’est un curseur qu’il faut arrêter pour esquiver ou subir moins de dégâts.

L’idée est sympathique mais trop redondante, puisqu’il faut à chaque fois répéter la même opération, animations et dialogues en prime. Sans variations dans les mini-jeux, les combats ne sont pas excitants et s’avèrent même interminables si les ennemis sont nombreux et si votre équipe se compose de quatre personnages. Ajoutez à cela des temps de chargement inhumains entre chaque rencontre et chaque bataille gagnée et vous avez un des systèmes de combat les plus lents du RPG.

A contrario, les développeurs d’Acck Studio simplifient la vie des joueurs sur certains aspects. Tout d’abord, le level-up est relativement facile. Inutile de passer trop de temps à combattre puisque certaines montées de niveaux se font automatiquement. Le jeu fera en sorte que votre équipe soit opérationnelle pour affronter les boss, car vous aurez toujours une longueur d’avance sur vos ennemis. Des zones de farm sont d’ailleurs à votre disposition sur la carte avec des récompenses conséquentes à la clé. Et en plus de cela, si vous n’avez pas encore les compétences ou le niveau requis pour aller à un endroit précis, votre ami Alex vous fera la remarque avec un conseil adapté. Le joueur peut, par conséquent, avoir l’impression d’être infantilisé.

Même si tout ceci ne semble pas très glorieux, les donjons, eux, tirent leur épingle du jeu. Ils ne sont pas communs, dans le sens où il ne suffit pas de les traverser d’un point A à un point B. Des énigmes, puzzles et autres casse-têtes sont là pour mettre un peu de piment dans notre exploration, ce qui est un bon point. Les capacités développées par Alex permettent aussi de découvrir des zones cachées, comme la guitare électrique qui, grâce à sa distorsion, peut casser murs et rochers.

La direction artistique est atypique : le dessin est simple, polygonal et dénué de textures. Les couleurs vives dynamisent les espaces, apportent de l’énergie et nous plongent dans un univers moderne et surréaliste proche de Earthbound. On se croirait presque sur un jeu SNES. Les personnages jouables ont tous une identité propre et ne se ressemblent pas. Toutefois, leurs portraits ne dévoilent pas assez d’émotions, ces dernières ne collant pas toujours avec les événements du jeu. Par exemple, un compagnon peut s’affoler face à une petite créature et rester de marbre lors d’un affrontement contre un boss. Parlons-en, justement, des ennemis. Ces derniers sont surprenants car nos compagnons peuvent affronter des smileys, des panneaux stop, ou des tortues. On aurait pu avoir une grande variété d’adversaires mais ils paraissent plutôt bâclés, sans grande inspiration.

La bande-son, elle, est plutôt pas mal! Les sonorités sont volontairement old school et rappellent les musiques des RPGs des années 90. Dans un style électroacoustique, on retrouve des influences jazz et funk ainsi que des mélodies entêtantes. Certaines d’entre elles ont été créées par des compositeurs de renom comme Toby Fox (Undertale) et Hiroki Kikuta (Secret Of Mana). Ils sont inimitables ! Les bruitages sont tout à fait corrects et s’intègrent bien dans l’univers du jeu. Ils ne sont ni trop imposants, ni hors sujets. Quant aux dialogues, ils sont intégralement doublés et sous-titrés en anglais. Pas de français à l’horizon. Autant dire qu’il faut connaître un minimum la langue de Shakespeare pour s’en sortir.

Vous ne trouverez rien d’autre qu’un menu vous proposant de démarrer ou de charger une partie. Cinq slots de sauvegarde sont disponibles et vous laissent suffisamment d’espace pour tout recommencer ou servir de back-up. Il n’y a ni fonctionnalités online, ni mode multijoueur, ni bonus. Tout est simplifié.

Comme tout RPG qui se respecte, il ne suffit pas de quelques soirées pour terminer l’histoire. Une trentaine d’heures est nécessaire pour en venir à bout, voire une quarantaine si vous souhaitez améliorer vos compagnons au maximum. La durée de vie est donc tout à fait honorable.

Malgré une histoire intéressante et un gameplay excentrique, Yiik reste un RPG assez classique. Le joueur attentif et habitué aux jeux de rôle trouvera peu d’originalité, repérera très vite les influences (Earthbound, Persona, Paper Mario…) et aura du mal à être surpris, même si les donjons et leurs puzzles donnent un peu de piment à l’aventure. Les lenteurs liées aux navigations dans le menu et aux temps de chargement lors des combats n’arrangent pas la chose et empêchent une immersion totale dans l’univers de YiiK. Pourtant, des risques ont été pris au niveau des graphismes, et le système de combat, même s’il n’est pas vraiment réussi, sort de l’ordinaire.

Test réalisé par Mataii sur une version offerte par l’éditeur
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