Test : Cosmic Star Heroine sur Nintendo Switch

Cosmic Star Heroine

Genre : Aventure, RPG
Langues : Anglais – Sous-titres : Anglais uniquement
Développé par Zeboyd Games
Édité par Limited Run Games
Sortie France : 14/08/2018
Prix : 11,99€ sur l’eShop
Taille : 2,1 Go

Site Web Officiel

Sécurité, sagesse, prévoyance. Telles sont les valeurs que l’Agence pour la Paix et l’Intelligence désire propager au-delà des cieux étoilés de l’astre à la nuit éternelle, Araenu. Fondée en premier lieu pour traquer les dangereux criminels du Système Solaire, l’ambitieuse organisation gouvernementale développa ensuite ses infrastructures afin de planifier des opérations antiterroristes de grande envergure, et de lutter contre l’espionnage interstellaire. Désormais, à travers les vastes mondes composant l’espace infini, les agents de terrain formés avec soin par l’API sont redoutés pour leur efficacité et leur détermination, capables d’intervenir n’importe où avec une connaissance parfaite de l’environnement.

Parmi ces nobles espions, Alyssa L’Salle est celle ayant reçu le plus de distinctions, notamment pour sa capacité à diriger avec succès son escouade quels que soient les circonstances, et ce malgré un début de carrière relativement récent au sein de l’agence. Mais ce qui ne s’apparentait de prime abord qu’à une simple mission de routine va alors amener notre belle agente à découvrir une odieuse conspiration menaçant tout ce qu’elle s’efforce de protéger tant bien que mal. Aidée de ses fidèles camarades, notre héroïne s’embarque ainsi pour une grande épopée pleine de rencontres et de péripéties, allant même jusqu’à remettre en question ses précédents acquis.

Derrière ce tableau digne d’un roman de science-fiction se cache pourtant une véritable production vidéo-ludique. Ayant vu le jour l’an dernier grâce à un financement participatif, Cosmic Star Heroine est un titre désireux de rendre hommage aux J-RPG de l’ère des consoles 16 bits, aussi bien visuellement qu’avec ses mécaniques de gameplay. Une expérience que le studio indépendant Zeboyd Games, dédié à la création de jeux de rôle, porte ce mois-ci sur la descendante hybride de la SNES.

Bien entendu, s’inspirer d’une œuvre est un pari risqué, puisqu’il s’agit de trouver le bon équilibre entre influence et nouveauté. Inutile donc de vous le cacher plus longtemps, l’empreinte d’un certain Chrono Trigger se manifeste tout le long de l’aventure. Ainsi, L’Salle et ses compagnons évoluent dans divers lieux où ils pourront interagir avec les alentours et parce que la vie d’une protagoniste est loin d’être de tout repos, l’escouade à votre charge devra braver de nombreux dangers.

Pourtant, si vous faites partie de ces passionnés qui s’attendraient à la présence d’un système de combat en temps réel, aussi appelé Active Time Battle, eh bien détrompez-vous. La totalité des affrontements se font au tour par tour, sans aucun changement de décor. Tenez, en voilà une belle surprise ! Car cette simple caractéristique, devenue rare dans les RPG publiés de nos jours, donne naissance à une dimension stratégique forte intéressante.

D’autant plus qu’une autre particularité se glisse dans les mécaniques de jeu : l’absence de hasard. Outre le fait que les batailles soient entièrement élaborées par les développeurs et sont signalées sur le terrain afin de vous donner l’occasion de vous préparer au conflit, les différentes statistiques détaillant un héros sont définies par des valeurs brutes. En pratique, deux actions identiques auront donc le même effet si les circonstances sont équivalentes.

Organiques, robots et êtres astraux se mettront au travers de votre chemin, et en conséquence, à chacun de ces trois types d’ennemis correspond un trait précis, qui déterminera la puissance de vos aptitudes en fonction de l’adversaire rencontré, mais aussi votre résistance face à ses coups. D’autre part, les nombreux effets que vos armes peuvent infliger, comme l’empoisonnement ou l’étourdissement, constituent des alliés précieux pour votre réussite.

Les hostilités ne tournent pas en votre faveur ? Utilisez des objets et des programmes, des outils pratiques grâce à leurs bonus temporaires. Vos coups semblent à peine égratigner vos opposants ? Pas d’inquiétude, lorsqu’un protagoniste active une compétence, ce dernier augmente son style et gagne en parallèle un « hyper-point ». Si vous en accumulez un certain nombre cela déclenchera le « Hyper Mode », doublant l’efficacité de la prochaine action.

Bonification que les belligérants disposent également, le style révèle à sa manière tout le potentiel des aptitudes d’un personnage, sous la forme d’un pourcentage. Si ses points de vie sont inférieurs à zéro, celui-ci peut le consommer en partie pour basculer en « Desperation Mode ». Cette vertu exclusive à votre équipe permettra à votre héros de réaliser un coup magistral avant d’être retiré de l’affrontement, à moins que vous ne réussissiez à le soigner avant la fin de son tour.

À l’issue des différentes escarmouches contre un bestiaire riche visuellement et aux habilités toujours plus variées, votre escouade gagnera de l’expérience et des crédits. Alors que le butin accumulé sert à financer l’achat d’équipement de meilleure qualité, l’expérience accorde des boosts pour l’ensemble des stats d’Alyssa et de ses partenaires, et parfois même de nouvelles compétences. En quelques mots, vous profiterez d’un système de combat complet qui, en puisant certaines mécaniques « Role Play » dans les titres 16 bits ayant probablement marqués votre jeunesse.

D’ailleurs, la direction artistique fait directement écho à ce qui se faisait de mieux il y a 25 ans, avec un style Pixel Art à la fois enchanteur et nostalgique. Les décors sont richement détaillés en éléments et offrent des paysages agréables aux yeux, auxquels viennent renforcer des sprites simples mais remarquables par leur qualité, ainsi que de belles compositions musicales mémorables, combinant instruments modernes et synthétiques avec des effets sonores rétro.

Pourtant, le véritable atout de ce tableau séduisant est tout simplement sa trame de fond. Contrairement à la plupart des J-RPG décrivant des univers fantaisistes, le monde dépeint par le titre est un savant mélange de science-fiction et d’éléments surnaturels. Ambiance extraterrestre, société futuriste inégale et technologiques secrètes font partie intégrante de ce cadre unique et cohérent, que les quelques courtes cinématiques réussissent à mettre en lumière avec brio.

Cette atmosphère est ainsi au service d’un récit sympathique, sans être non plus exceptionnel à cause de ses événements assez convenus. Cependant, les personnages restent attachants, grâce à la qualité d’écriture des dialogues, mais aussi aux multiples portraits décrivant parfaitement les réactions des héros, soit un joli bonus à l’immersion. Dommage qu’il n’existe aucune interaction poussée ou de quête secondaire qui développerait davantage le passé des camarades, et les relations entre ces derniers et l’héroïne.

En effet, sur les trois planètes où L’Salle ira mener son enquête, la narration sera quasiment linéaire avec une grande absence de tâches secondaires à effectuer. Toutefois, le jeu ne sera pas indifférent si votre envie d’explorer les quelques zones annexes et de discuter avec les PNJ est forte, en vous récompensant en objets ou en informations plus ou moins précieuses. Associée à une difficulté équilibrée et réglable à tout moment, l’épopée s’étendra sur une vingtaine d’heures environ, une durée de vie correcte pour le prix d’achat actuel.

Notez que les différentes fonctionnalités liées au gameplay seront progressivement débloquées au fur et à mesure de l’avancement dans votre mission. À titre d’exemples, le choix de la composition de son équipe parmi les héros recrutés, ou le libre déplacement sur un astre, n’est possible qu’à partir de la moitié du scénario. Quant à la rejouabilité, une difficulté ultime est accessible dès le premier lancement du jeu, mais qui s’adresse aux joueurs expérimentés, tant la maîtrise du système de combat doit être parfaite face à la puissance extraordinaire des ennemis.

De même, un malus important s’appliquera sur les gains d’expérience et d’argent. Néanmoins, l’allègement de votre portefeuille ne devrait poser aucun problème. Principaux acteurs disposés à commercer avec vous, les quelques rares marchands n’ont que trop peu d’alternatives à vous proposer afin de renforcer une caractéristique particulière pour votre personnage, dû aux coffres abondants et à l’absence de consommables. En réalité, les items et les programmes que j’ai évoqué précédemment sont utilisables qu’une seule fois, mais rechargés dès la fin de l’affrontement.

Au fil de vos aventures, vous aurez le loisir de consulter à de nombreuses reprises le menu principal, où vous examinerez les stats de L’Salle et de ses partenaires, en plus de pouvoir les équiper en armes et compétences. Par ailleurs, sachez que vous aurez la possibilité de revivre les affrontements précédents sous une difficulté légèrement élevée. Mauvaise nouvelle pour certains, le farm est donc bel et bien présent dans le titre, mais rassurez-vous, cet aspect vous sera la plupart du temps superflu.

Maintenant, qu’en est-il de la qualité du portage ? Que ce soit pour la version de salon et celle portable, l’interface ne demande qu’à gagner en clarté, en particulier dans les menus où les abréviations de mots pour décrire un quelconque élément auraient pu être remplacées par des icônes facilement identifiables. En allant encore plus loin, l’absence de différence visuelle entre les armes et autres objets est aussi regrettable.

Mais inutile d’être mauvaise langue : la lisibilité du titre reste bonne, tout comme son optimisation. Même si peu déterminant pour une telle catégorie de jeu, l’absence de latence et la présence d’un nombre infime de bugs visuels témoignent d’une bonne stabilité, complétée par des contrôles plus que correctes et des temps de chargements courts. Petit confort supplémentaire, les sauvegardes sont disponibles à n’importe quel moment de la partie (combats exclus, voyons), ce qui bien évidemment fait plaisir à voir.

Rendre hommage à une œuvre n’est pas forcément synonyme de développer une copie parfaite en tout point. Du moins, il s’agit d’une vérité que Cosmic Star Heroine démontre ici avec succès. La direction artistique partage certes de nombreux attributs avec certaines stars d’une époque révolue, le jeu possède cependant en son sein l’un des systèmes de combat au tour par tour les plus complets, simple à prendre en main mais difficile à maîtriser.

Malgré son manque d’activités secondaires, et son interface peu accueillante par moment, le titre est une belle célébration de la part du jeu indépendant, grâce à sa réalisation globale, tout en offrant un univers immersif et cohérent. Si la langue de Shakespeare omniprésente ne vous repousse pas, n’hésitez pas une seconde à découvrir cette belle déclaration d’amour au genre J-RPG.

Test réalisé par TheAmazingNatpon sur une version offerte par l’éditeur
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