Test : Table Top Racing – World Tour : Nitro Edition sur Nintendo Switch

Table Top Racing – World Tour : Nitro Edition

Genre : Course, Arcade
Langues : Anglais, Français, Allemand, Italien, Espagnol, Néerlandais, Portugais, Russe
Développé par Playrise Digital
Édité par Greenlight Games
Sortie France : 01/05/2019
Prix : 27,79€ sur l’eShop
Taille : 3311,40 Mo
Joueurs : 1-2 en local, jusqu’à 8 online
Age minimum : 3

Site Web Officiel

Si vous avez grandi dans les années 90, vous faites partie des élus qui ont posé leurs petites mains maladroites sur des Micro Machines, ces véhicules miniatures qui faisaient fureur dans les cours de récréation (et qui finissaient généralement dans le cartable d’un camarade cleptomane ou sous la racine ensablée du platane de la cour). Le succès de ces jouets fut tel que de nombreux jeux vidéo virent le jour, permettant aux pilotes les plus audacieux de s’affronter dans des courses endiablées dont les circuits, tous plus ingénieux les uns que les autres, sillonnaient des décors du quotidien tels qu’une table de cuisine, le lavabo d’une salle de bain, un bac à sable, etc. Et si l’effet de mode s’est progressivement estompé comme la marée après la tempête, un doux embrun de nostalgie perle encore dans le cœur des enfants d’hier. Aussi, comme les plus aigris d’entre vous pesteront contre les limites ludiques des jouets actuels (difficile de développer un univers crédible autour du hand-spinner et de la pâte slime, avouons-le !), c’est dans un vieux pot qu’il faudra goûter la soupe. A ce sujet, les développeurs de Playrise sont-ils parvenus à nous mitonner un bon petit plat sans noyer ses ingrédients dans l’huile de vidange ? C’est ce que nous allons voir !

Ainsi, Table Top Racing World Tour ne réinvente rien, mais arrive à point nommé pour concurrencer la série dont il s’inspire, et qui a enregistré de très médiocres résultats lors de sa venue sur current gen (comme en témoigne la très frileuse réception du récent Micro Machines World Series sur PS4, One et PC). En solo comme en multijoueur, vous pourrez vous adonner au plaisir coupable de la course miniature, tout en sillonnant les concessionnaires afin d’acheter et peaufiner le bolide le plus polyvalent qui soit !

A la manière d’un Gran Turismo, vous disposez d’une somme de départ vous permettant d’obtenir un véhicule aux très modestes caractéristiques, mais votre progression vous offrira l’accès à des monstres de puissance qui, logiquement, rendront le pilotage à la fois plus technique et intense. Dans le mode solo, vous débutez ainsi en bas de l’échelle, et devez accomplir divers objectifs au sein de la trentaine de tracés qui composent le jeu, répartis en huit décors distincts. Les missions sont assez variées, et l’on peut s’adonner, par exemple, à des courses avec ou sans items, des défis contre-la-montre, des affrontements au cours desquels le dernier du peloton est éliminé à la fin de chaque tour, des courses-poursuites, des défis de dérapage, etc. Autant dire que les développeurs n’ont pas été avares et ont su décliner leur concept en de multiples petites tâches évaluées par un score délivré en étoiles. Ce faisant, le joueur pourra cumuler les trophées et ainsi monter en grade, trois championnats lui étant proposés (chacun correspondant à une difficulté et des objectifs inédits).

Malgré cette pléthore de modes disponibles, il faut admettre que le gameplay est assez basique pour un jeu du genre. Tout d’abord parce que le dérapage ne peut s’activer qu’en équipant les pneus adéquats (principalement réservés aux défis de drift). Ainsi, on se contente généralement d’accélérer et décélérer selon le tracé des circuits (insolite : vous serez choqués de constater que l’on peut sensiblement décélérer en plein saut !) sans réellement accomplir la moindre prouesse. D’autant plus que nos capacités dépendent très fortement des améliorations de notre véhicule (achetées dans le garage), même s’il faut reconnaître qu’il est plaisant et addictif de remporter les meilleurs scores afin de faire pleuvoir les pièces d’or qui, par un habile troc, se feront pièces de remplacement. En outre, les items manquent de folie et n’ont pas l’impact des bonus d’un Mario Kart. On se contentera ici de missiles simples ou à tête chercheuse, d’un bloc de glace, d’un jet d’huile, d’une bombe, d’un boost… Et même si le joueur aura le choix (plutôt ingénieux) de cumuler deux bonus afin de renforcer les effets, leur utilisation n’aura que peu d’incidence sur le déroulement de la course. Enfin, la gestion des collisions est assez frustrante, puisque vos adversaires ont la fâcheuse tendance à vous éjecter hors du décor alors que vous les ferez à peine frémir, même lorsque vous serez au volant d’un fourgon. Rageant, surtout que certains tracés (pour ne pas dire la plupart !) sont bordés de vide et vous font perdre un temps précieux lorsqu’il est question de repêchage.

Graphiquement, le jeu s’en sort avec les honneurs. Ce n’est pas un modèle d’esthétisme, loin de là, mais le framerate du soft est rarement pris en défaut. Les développeurs ont privilégié la fluidité à la finesse des textures, et c’était probablement le meilleur choix à faire compte tenu du genre. En revanche, nous pouvons regretter le peu d’inventivité dont font preuve les différents tracés. D’une part parce que les décors ne sont qu’au nombre de huit, même si chaque univers propose quatre tracés (très) sensiblement distincts ; d’autre part parce que la sensation de piloter une voiture minuscule au sein d’espaces gigantesques n’est guère présente, la faute à des mondes peu immersifs et des courses sans grand éclat de folie. On aurait apprécié des événements contextuels adaptés, comme des animaux semant le trouble lors des affrontements, de grands bras et jambes d’humains s’affairant au risque de nous écraser… Mais il n’en est rien ! Dommage !

Musicalement, le jeu délivre des compositions très génériques. Les allergiques à la “dubstep d’ascenseur” risquent de souffrir ! Quant aux bruitages, ils manquent de profondeur et la palette de sonorités pourrait être plus étendue afin de distinguer le doux froufrou ronronnant d’un petit moteur, du lourd cahot frénétique d’un pick-up ! Enfin, il aurait été astucieux de miser sur les vibrations-HD afin de rendre l’expérience de conduite plus immersive ; on devra ici se ruer dans le menu des options afin de les désactiver, tant elles sont désagréables pour nos mains crispées sur le cuir flambant neuf de nos Joy-Con!

Table Top Racing propose un contenu conséquent, proposant de très nombreux défis en solo (trois championnats comportant quatre coupes, elles-mêmes subdivisées en une dizaine de défis chacune ; ainsi que des missions spécifiques imposant un véhicule et des contraintes variées). En outre, cette mouture Switch, sobrement nommée Nitro Edition, offre une exclusivité de taille en la possibilité de jouer online et offline en écran splitté avec un deuxième joueur ! Autrefois courante, cette pratique s’est tristement raréfiée et il est réjouissant de voir que des développeurs continuent de parier sur le multijoueur local !

Enfin, la présence d’un mode online joue clairement en la faveur de Table Top Racing, puisqu’il permet à huit joueurs de s’affronter. Cependant, nous n’avons pas pu nous frotter à ce mode car nous n’avons jamais pu rejoindre la moindre partie. Peut-être le jeu est-il trop récent, ou souffre-t-il de sa faible popularité ? L’avenir nous le dira, mais il est clair qu’une plus grande fréquentation serait un atout majeur pour un tel titre, comme l’a prouvé la version PS4 lorsqu’elle fut offerte aux membres du Playstation Plus. À ce sujet, le crossplay serait profitable, mais l’on connaît les réticences de la concurrence lorsque se mot s’esquisse sur des lèvres innocentes.

S’emparant d’un concept qui peut faire frémir les vibrisses des nostalgiques du ronronnement des moteurs miniatures, Table Top Racing n’exploite pas totalement la folie nécessaire à l’accomplissement de ses objectifs. Pas assez frénétique, pas assez audacieux, il roule finalement en terrain balisé, là où le genre réclame davantage de rythme et de surprises. Pourtant, s’il ne fait qu’emprunter les mécaniques d’un jeu de racing classique, le titre est très généreux en terme de contenu, et compense la rigidité et la monotonie de son gameplay par une fluidité remarquable. C’est d’autant plus louable que peu de portages peuvent se targuer d’une telle aisance lors de leur passage sur la transportable de Nintendo. Reste à voir si le multijoueur saura faire la différence. Un proverbe africain dit : “Seul, on va plus vite ; ensemble, on va plus loin.” Puissent les sirènes – que dis-je, les klaxons ? – de la frénésie automobile envoûter assez de joueur pour remplir un mode online qui saura contenter les amateurs de jeux de courses, un genre peu représenté sur Nintendo Switch.

Test réalisé par Yorick sur une version offerte par l’éditeur
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